dimanche 28 mars 2010

Nature morte à la chaise cannée

La Nature morte à la chaise cannée est une œuvre de Pablo Picasso créée en 1912 conservée au Musée Picasso de Paris.

Historiquement elle est le premier collage jamais réalisé et ouvre la voie aux artistes du dadaïsme et du surréalisme qui vont faire de cette technique, leur délice.

Mélange d’huile, de toile cirée et du tissu sur un support encadré de corde. Cette œuvre introduit pour la première fois le « collage ». Elle est également appelée : « Verre, pipe, citron, couteau, coquille saint-jacques».

Le trompe-l’œil est ici utilisé de manière moins révolutionnaire que lors des expériences antérieure. Picasso exécuta cette toile en se souvenant de l’habitude qu’avait son père d’attacher à sa toile des morceaux d’autres peintures afin de susciter des idées ou des effets nouveaux. Il réalise une nature morte qu’il situe dans un café, et composée d’un citron, d’un verre, d’une huître, d’un journal et d’une pipe, puis il applique un bout de toile cirée à motif de cannage, destiné à évoquer de manière insolite la présence de chaises.

Cette composition est le résultat de diverses techniques. Le citron et le verre, à droite sont traités « analytiquement », tandis qu’à gauche, le tuyau de la pipe est rendu de manière réaliste et il est placé comme s’il surgissait à travers les lettres « JOU » de journal. Le morceau de toile cirée collé sur le support est en partie recouvert par des ombres ou des stries de couleur de sorte que la partie inférieure donne l’impression d’être sur un plan différent. Une simple corde de marin sert de cadre au tableau. Le relief de cette corde torsadée reproduit le galon d’une nappe visible sur des photographies de l’atelier de Picasso.

Picasso transgressait ainsi les canons de l’esthétique traditionnelle qui imposait l’homogénéité des matériaux dans les œuvres picturales. Cela revenait à introduire dans l’œuvre d’art des fragments hétérogènes de la réalité sensible. Ainsi, le peintre devenait-il capable simultanément d’illustrer et de détruire l’illusion spatiale qui conditionnait toute la peinture. En introduisant l’élément « ready-made » (tout fait), en l’occurrence le cannage de la chaise, vrai seulement en apparence, il inventait une nouvelle manière de représenter la réalité. Les lettres du journal n’étaient pas destinées à l’information, mais à l’esthétique et au symbole. Les objets peints à côté, qui n’imitaient rien du tout, prenaient l’aspect le plus vrai de la peinture. Picasso se servait de l’illusion picturale dans le but précis d’en dénoncer la fausseté, ou du moins l’ambiguïté, et par conséquent de la détruire.

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