Alexandre Pouchkine est né à Moscou dans une famille de vieille noblesse russe, aisée et amatrice de littérature. Son arrière grand-père était Abraham Hanibal, filleul, ami et général africain de Pierre le Grand. Pouchkine était particulièrement fier de cet aïeul, dont il avait hérité certains traits qui le distinguaient fortement de ses concitoyens : teint olivâtre, lèvres épaisses, cheveux noirs et crépus.
Lecteur vorace dès son plus jeune âge, il s'attaque aux classiques anglais (Byron, William Shakespeare, Laurence Sterne) et français (Molière, Voltaire, Évariste Parny) de la bibliothèque paternelle. Sa profonde connaissance de la culture française lui vaudra d'ailleurs le surnom de Frantsouz (Француз « Le Français ») auprès de ses camarades de lycée[3]. Alexandre Pouchkine étonne aussi son entourage par son aisance à improviser comme à réciter par cœur des vers innombrables.
De 1811 à 1817, il fait ses études au lycée impérial de Tsarskoïe Selo (ville rebaptisée Pouchkine en son honneur, en 1937), près de Saint-Pétersbourg. S'ouvre une des plus heureuses périodes de sa vie: c'est dans cet internat qu'il noue de fidèles amitiés (Delvig, Poushine, Küchelbecker); c'est aussi là, dans le parc du palais impérial, qu'il dit avoir connu sa première inspiration poétique. Dès 1814 son poème À un ami poète est publié dans la revue Le Messager de l'Europe. Ces vers, déclamés lors d'un examen de passage, lui valent l'admiration du grand poète Derjavine.
En 1817, il intègre le ministère des Affaires étrangères ; une sinécure. Suivent trois années de vie dissipée à Saint-Pétersbourg. Durant ce temps, il rédige des poèmes romantiques inspirés par les littératures étrangères et russes. Il rencontre aussi les grands noms des lettres russes contemporaines, comme Karamzine ou Vassili Joukovski. Ses poèmes sont parfois gais et enjoués, comme Rouslan et Ludmila. Ils peuvent aussi être graves, notamment lorsqu'ils critiquent l'autocratie, le servage et la cruauté des propriétaires fonciers. À cette classe appartiennent Ode à la Liberté, Hourrah ! Il revient en Russie, et Le Village.
Bien qu'incontestablement libéral, Pouchkine n'est pas révolutionnaire, ni même véritablement engagé politiquement, contrairement à nombre de ses amis qui participent aux mouvements réformateurs qui culminent avec la révolte décabriste.
À Odessa, Pouchkine s'attire l'inimitié du gouverneur de la ville, Vorontzov (sans doute en raison de son goût pour l'épouse de ce dignitaire), et est exilé dans la propriété familiale de Mikaïlovskoïe (province de Pskov). Condamné à l'isolement presque total, il s'y s'ennuie mortellement. Quand il n'écrit ou ne lit pas, les seules distractions qui lui sont permises sont des promenades et courses à cheval, les visites qu'il rend à ses voisines et les histoires que lui raconte sa nourrice. À la mort d'Alexandre Ier, en décembre 1825, Pouchkine décide d'aller plaider sa cause à Pétersbourg, mais un pressentiment le fait revenir sur ses pas. C'est ainsi qu'il évite de se trouver mêlé à la tentative de révolution avortée des Décembristes, à laquelle participent nombre de ses amis.
Ces six années d'exil sont essentielles pour l'inspiration de Pouchkine : voyage dans le Caucase et en Crimée, découverte de la campagne russe profonde, discussions avec divers aventuriers, contes de sa nourrice. Ce sont aussi celles des premières grandes œuvres, encore fortement marquées par l’influence romantique de Byron : Le Prisonnier du Caucase (1821) décrit les coutumes guerrières des Circassiens; La Fontaine de Bakhtchisaraï (1822) évoque l’atmosphère d'un harem en Crimée; Les Tziganes (1824) est le drame d'un russe qui tombe amoureux d'une tzigane; la Gabrieliade (Gavriliada, 1821), dont il devra plus tard se défendre avec acharnement d'être l'auteur, pour échapper à la Sibérie, est un poème blasphématoire qui révèle l’influence de Voltaire. Surtout, Pouchkine entame son chef d'œuvre, Eugène Onéguine (1823-1830), écrit sa grande tragédie Boris Godounov (1824-1825), et compose les « contes en vers » ironiques et réalistes.
À suivre...
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